DERNIERS JOURS de l’exposition Beat Generation : Kerouac, Burroughs, Ginsberg...
Du 22 juin au 3 octobre 2016, grande exposition sur ce mouvement si particulier parti des États-Unis...
Vieille histoire, que celle-là, mes enfants. New York 1943.
On convient de dire que ce serait Jack Kerouac qui utilisa le premier, c’était en 1948, l’expression "Beat Generation". Il décrivait par ce terme son groupe d’amis (étaient-ils si fatigués ou cassés que cela ?) à John Clellon Holmes, qui l’évoquera dans son roman générationnel Go, parlant d’une sorte de manifeste esthétique d’une génération perdue, une révolte face aux conformismes de tous poils.
La « Beat Generation » serait donc un mouvement d’inspiration littéraire et artistique né aux États-Unis, dans les années 1950, à l’initiative de William Burroughs, Allen Ginsberg et Jack Kerouac, qui se rencontrent à New York, étudiants à la Columbia University en 1944 ou 1943. Qui étaient-ils alors ? Des aspirants à quelque chose qui demandaient un peu d’attention et beaucoup de libertés. Et de la lumière !
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Génération trauma ! Les États-Unis ont gagné la guerre... et utilisé par deux fois la bombe atomique. Ils puent le maccarthysme, les conventions sociales, le racisme et le puritanisme. La consommation à tout crin serait-elle le seul nouveau Veau d’Or proposé ? Et par les nouveaux médias et cette reproductivité facilitée des messages, la reproduction unilatérale et généralisée d’une décérébration univoque, sans poésie et dépourvue d’âme allait-elle s’abattre sur l’Amérique et donc sur le monde ?
Heureusement, la Côte Ouest se placera rapidement sous influence, sous cette influence d’idées si renversantes de valeurs et pernicieuses, notamment autour de la librairie de Lawrence Ferlinghetti à San Francisco, de la maison d’édition City Light, et brièvement autour de la Six Gallery dans laquelle a lieu, le 7 octobre 1955, la célèbre lecture par Allen Ginsberg de son poème Howl (1956), qui donnera lieu à un retentissant procès pour obscénité et apportera aux poètes Beat une célébrité paradoxale.
Et puis il y eut Sur la Route, de Jack Kerouac (1957), une autre des œuvres phares de ce mouvement commencée en 1951.
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Bob Dylan et au fond à gauche Allen Ginsberg.
Entre 1958 et 1963, Paris devient à son tour l’un des principaux foyers de la Beat Generation : William Burroughs, Gregory Corso, Allen Ginsberg, Peter Orlovsky, Brion Gysin... logent régulièrement au Beat Hotel, 9 rue Gît-le-Cœur, haut-lieu de la Bohême d’après-guerre et laboratoire d’expérimentations visuelles et sonores.
C’est ici que Brion Gysin, William Burroughs et Antony Balch développent la technique du « cut-up », que William S. Burroughs écrit Naked Lunch (Le Festin nu, 1959, eut aussi droit à un procès pour obscénité), et que Brion Gysin invente sa « Dreamachine ».
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John Cohen : Robert Frank, Alfred Leslie, Gregory Corso, 1959 © L. Parker Stephenson Photographs, NYC
William Burroughs, Allen Ginsberg et Jack Kerouac annoncent la déferlante à venir de la libération sexuelle et du mode de vie très décalé de la jeunesse des années 1960, celle qui allait bouleverser la société américaine dans ses certitudes en s’érigeant contre les racismes, l’homophobie, et en défendant des idées libertaires et pacifistes qui replaçaient l’homme au milieu du cosmos.
La Beat Generation "a directement inspiré aussi bien les mouvements de mai 1968 que l’opposition à la guerre du Vietnam, ou les hippies de Berkeley et Woodstock.
Pourtant (elle) a aussi contribué à enrichir le mythe américain. Sur la Route, le roman le plus connu de Kerouac, est une ode aux grands espaces, à l’épopée vers l’Ouest, à la découverte de mondes nouveaux."
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Brion Gysin. Calligraphie, 1960. Encre de Chine sur papier marouflé sur toile. Collection Thieck.
La Beat Generation encourageait à la vie naturelle, à la liberté, à la créativité perpétuelle, et elle cherchait avidement dans l’underground toutes les éventuelles traces d’un monde meilleur à venir.
L’exposition « Beat Generation », imaginée et présentée au Centre Pompidou est la première grande rétrospective sur ce thème en Europe. Inédite, elle met l’accent sur cet épisode parisien, souvent oublié, d’un mouvement qui allait profondément marquer la création contemporaine.
Suivant un parcours géographique, cette exposition épouse le nomadisme Beat, de New York à San Francisco, Mexico, Tanger et Paris.
Elle est l’occasion de montrer comment le mouvement Beat a correspondu, peut-être pour la première fois dans l’histoire, à un usage systématique des techniques analogiques par les écrivains et les artistes (magnétophone, disque, radio, téléphone, appareil photo, caméra...) et de confronter l’œuvre de cinéastes (Christopher MacLaine, Bruce Baillie, Stan Brakhage, Stan Vanderbeek...) à celle des photographes (Allen Ginsberg et William Burroughs en collaboration avec Robert Frank, Charles Brittin, John Cohen, Harold Chapman...) ou encore de montrer les extensions de la culture Beat à la scène artistique californienne (Wallace Berman, Bruce Conner, George Herms, Wally Hedrick, Jay DeFeo...).
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Évidemment la tâche n’était pas facile. Comment faire passer dans une exposition ce sentiment brouillon d’une époque faite de poésie, d’ouverture maximale, d’opposition têtue aux conventions, d’explosions multiples de médias vociférants et de ces idées nouvelles si douloureusement orientées vers les sensations, les plaisirs et la déconstruction ?
Si c’était l’effet de rought que respirait la Beat Generation qui était recherché, il est plutôt trop bien obtenu. Les nostalgiques y trouveront leurs miels et quelques pépites qui tétaniseront leurs neurones peut-être un tantinet assoupis, mais quelle ésotérisme obtenu vis-à-vis des jeunes générations ? Quels accès rendu difficile et ardu à une possible mise en commun des révoltes ? Et quelles images vieillies et catacombesques ?
Le rouleau de Kerouac se déploie dans une semi-obscurité. Les messages se brouillent et s’entrechoquent les uns les autres. Si peu de couleurs. Et tant de gris. Nous sommes à la limite de ce qu’une exposition peut parvenir à faire ressentir. La marche était peut-être un peu haute. Qu’aurait-il été préférable de faire ? Peut-être le catalogue sera-t-il plus apte à jouer ce rôle de passeur d’expériences, à exprimer l’originalité et la force de ces messages annonciateurs de tant de bouleversements...
Les commissaires de l’exposition sont Philippe-Alain Michaud et Jean-Jacques Lebel.
Beat Generation, du 22 juin au 3 octobre 2016, Centre Pompidou, Galerie 1, Niveau 6, 75191 Paris cedex 04. 01 44 78 12 33. Métro Hôtel de Ville, Rambuteau. Ouverte de 11 à 21h, tous les jours, sauf le mardi, 14 ou 11€. Valable le jour même pour le musée national d’art moderne et l’ensemble des expositions. Accès gratuit pour les adhérents du Centre Pompidou (porteurs du laissez-passer annuel).
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